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L'industrie du troisième millénaire

  in Technikart, novembre 2001.

 

"Ehrmann ne cherche pas qu'à faire de l'argent. Il évolue dans un univers sacré. Il met du spirituel dans le capital"(quang-tri trân diêp).
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Ehrmann dément : "Bien sûr qu'il y a un avion à détourner. Dire qu'il n'y a pas de pilote est un mensonge." Il est bien placé, depuis son enfance, pour le savoir. Aussi, Ehrmann a-t-il agi là où il se trouvait. Né dans un milieu à pognon, doué d'une façon quasi surnaturelle à en faire, il ne pouvait faire autrement. Mais, au passage, il a bousculé toutes les vieilles règles, les vieux ordres qu'il a trouvés sur son passage. D'une certaine façon, ce millionnaire œuvre de façon plus gauchiste et libertaire, que bien des discours idéalistes.

Ehrmann nous rappelle le journaliste Denis Robert, qui l'an passé dénonçait un scandale bancaire international. Les deux bonhommes se sont attaqués à cette masse d'informations virtuelles, qui circulent tous les jours au-dessus de nos têtes, flux monétaires invisibles, informations pour initiés, qui sont comme le Souffle du capitalisme, le Saint-Esprit du libéralisme, et qui régissent d'une main invisible nos vies pendant que la télévision nous parle de foot, de Ben Laden ou de Michel Houellebecq. Personne ne va voir dans ces contrées digitales, à part les initiés, les Grands Prêtres de la finance, justement. Mais de temps en temps, des révélations ont lieu. Denis Robert a réussi à montrer que les Grands Prêtres opéraient des transactions illégales. Ehrmann, lui, ne cesse de casser leur pouvoir en rendant leur savoir accessible à tous.

On comprend que les deux aient une vision quasi mystique de l'Info, un sentiment de Toute-Puissance, connectés qu'ils sont à l'Esprit du Temps. Le journaliste Quanq-Tri Trân Diêp, directeur de la rédaction d'"Alors", qui a un peu côtoyé le bonhomme, propose une vision passionnante de sa démarche, même si on ne comprend qu'à moitié. "Les Stoïciens étaient obsédés par "l'incorporel". De même, me semble-t-il, Ehrmann cherche à s'insérer dans l'espace des incorporels et tente de corporiser ce qui ne peut pas l'être. Il s'attaque par exemple au marché de l'art, le marché sans doute le plus traditionnel et le plus volatile, et il essaie de le fixer, de le rendre moins létal. Il ne cherche pas qu'à faire de l'argent. Il évolue dans un univers sacré. Il met du spirituel dans le capital."

Ehrmann, quand il parle de la "révolution de l'info", que constitue l'Internet, ne cesse de la comparer à l'invention de l'imprimerie au XVe siècle. Au début, on riait, ne voyant qu'un vague rapport entre imprimer la Bible (un sacré bouquin) et créer 3617 CC1, le Minitel des conventions collectives (un sacré ennui). Il se la racontait un peu. Ehrmann, garçon pourvu d'une bonne rhétorique et d'un fort esprit d'exagération. Mais maintenant, nous ne sommes plus si sûrs. De même que l'imprimerie a permis de répandre la lecture de la Bible et donc d'en faire la critique - bousculant le pouvoir des clercs et favorisant le grand bond de la Renaissance -, de même l'Internet selon Ehrmann, nous permet d'avoir accès de façon transparente à l'immense stock d'informations digitales et invisibles qui grillagent nos existences. De cette façon, nous pouvons casser le pouvoir des clercs du capitalisme, et les remettre en cause.


Texte original de Patrick Williams
copyright ©2001 Technikart

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